L'ivresse du tigre réunit un ensemble d'oeuvres sur papier de techniques mixtes mêlant dessins, aquarelle, gouaches, photographies, éléments empruntés et hétéroclites, découpés, collés, mis en contact. Ces associations, multiples, surprenantes, étranges, se déploient sur plusieurs niveaux et plusieurs épaisseurs. Félins, volatiles et animaux en tous genres, constructions et paysages urbains, avions, astres et planètes, images liées à l'art, au théâtre ou à la danse y sont largement représentés.

Ces multiples épaisseurs et la récurrence des éléments marquent l'existence d'un jeu de renvois entre les différents dessins opérés par l'utilisation et la réutilisation de sources communes d'images. Ces images, créées spécifiquement pour ce travail ou puisées dans d'autres travaux de l'artiste et réactivées par le biais de leur intégration dans les dessins, résultent plus d'une production que d'un emprunt. Une posture qui correspond davantage à une conception de l'art comme invention de formes (pas nécessairement plastiques d'ailleurs) qui dialoguent et communiquent entre elles, plus que comme commentaire.

A travers ces renvois incessants, ces multiples rappels et ces associations diverses, un monde se met en place et se construit, où chaque dessin, tout en gardant son autonomie propre, a sa place. Un monde dont l'étrangeté procède comme dans d'autres travaux récents de l'artiste d'une distortion du réel, mais où l'absurdité fait place ici à un univers fantastique. Loin d'une exposition à une réalité frontale, c'est dans cette tentative de contournement du réel que nous plongent les dessins de Jan Kopp.

Représentations empruntes de fantastique et d'irréalité, les oeuvres exposées ici diffèrent de l'idée de projet, pourtant familière au travail de Jan Kopp - un projet étant en partie défini par un lieu, un moment, un contexte, une collaboration et devant nécessairement passer par une certaine définition, ainsi que par le dialogue et la communication.

Ces dessins marquent l'existence d'un véritable espace de recherche et de production autonome, libre et spontané, un espace de travail nécessaire et complémentaire, empli de force et de poésie, qui fait partie intégrante de l'oeuvre de Jan Kopp.

46. Not so fantastic, 2006
watercolour, collage, 45,5 x 57,5 cm